De plus en plus d’établissements hospitaliers proposent aujourd’hui des séances de sophrologie aux patients hospitalisés dans le cadre notamment de la prise en charge de la douleur et de l’oncologie adulte afin d’apporter un mieux-être complémentaire à la prise en charge médicale.
Le cancer induit de nombreux bouleversements dans la relation vécue avec son corps ( altération de l’image corporelle, schéma corporel modifié, état d’attente et d’arrêt par rapport à sa vie, sentiment de peurs etc… ) :
- Tout d’abord, l’annonce du diagnostic révèle le chaos de ses cellules dîtes « anarchiques » à l’intérieur de soi alors que bien souvent l’atteinte d’un organe ou d’un système était jusqu’à présent ressenti comme « silencieux ».
- L’être tout entier se positionne en état de « survie » soulevant une peur existentielle, celle de porter atteinte à sa vie.
- Les traitements et leurs effets secondaires accompagnées ou non d’une intervention chirurgicale induisent par la suite des transformations corporelles qui sont souvent vécues comme des agressions légitimes et qui retentissent dans toute la globalité de l’être.
Le corps est malmené et la relation qui en découle est touchée voire ébranlée dans ses parties les plus intimes.
La sophrologie est une pratique qui peut contribuer à accompagner ces différentes transformations induites par la maladie et les effets secondaires des traitements anti-cancéreux. Les séances de sophrologie s’inscrivent tout d’abord dans cette redécouverte ou cette attention portée sur les différents rythmes de vie et d’énergie en soi (respiration, mouvements spécifiques, rythmes cardiaques etc… ) qui viennent s’étendre à l’ensemble de la conscience puis à l’ensemble de la corporalité. Il s’agit d’aller à la rencontre de ce qui vit et circule à l’intérieur de soi et de ressentir un corps, non pas uniquement douloureux ou souffrant, mais de ressentir un corps qui contacte sa capacité naturelle à éprouver du plaisir, un soulagement ou du bien être, qui recontacte progressivement son élan de vie. Les séances vont porter également sur la capacité à évacuer le négatif et à relâcher les tensions psycho-corporelles vécues dans le moment présent sans jugements, sans interprétations et avec indulgence envers soi même.
Cette étape de la séance est très importante car elle est se révèle être pour le patient le déclencheur d’un relâchement corporel qui sera pour la suite de la séance plus prononcé. Puis la mobilisation de sentiments et de sensations positives dans toutes les parties de son corps contribuent ensuite à ouvrir à la conscience un espace agréable plus vaste qui est souvent vécu comme apaisant et sécurisant.
A partir d’une méthodologie spécifique et régulière dans le temps, ces sentiments peuvent être renforcés participant aussi à stimuler et à harmoniser certains mécanismes physiologiques naturels en lien notamment au sentiment de peur, d’angoisse et de stress ressentis lors des différentes étapes de la maladie.
La chirurgie par mastectomie et hystérectomie par exemple vient bousculer d’une autre manière le schéma corporel dans safonction féminine, érotique et maternelle. Ces femmes peuvent être touchées par l’intervention elle même, les soins infirmiers qui lui sont associés puis par les différentes possibilités réparatrices et esthétiques qui s’y rattachent. La sophrologie permet d’accompagner la personne à réinvestir progressivement son corps dans sa globalité lors de ces différentes étapes et de recontacter progressivement à la conscience les aspects de son féminin affectées durant l’épreuve de la maladie.
Au-delà d’une méthode ou d’une technique, la sophrologie est une pratique qui se vit à partir d’une guidance personnalisée. Une séance à elle seule ne pourrait suffire pour apporter l’ensemble de ses bienfaits, ni même une séance de temps à autre pratiquée de manière irrégulière et espacée dans le temps.
Comme d’autres pratiques, c’est sa régularité dans le temps et la résonance avec soi qui en fait sa force. Bien plus qu’une recette toute faîte, elle nécessite une implication personnelle à partir d’intentions précises pour apporter du sens et une cohérence à un objectif souhaité. Elle devient alors une possibilité parmi d’autres d’accompagner le corps et l’esprit à mieux vivre et mieux traverser la maladie.
Auteur : Sandrine Kerjouan est Infirmière DE spécialisée en cancérologie et Praticienne en approches de soins complémentaires.
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