Ma bienveillance est relativement aisée à mobiliser quand les autres se conduisent correctement envers moi ou, du moins, quand ils ne me pas causent pas du tort.
Il m’est plus délicat d’y parvenir lorsque j’ ai été traité injustement.
Les Contes de Jataka décrivent les incarnations supposées du Bouddha sous différentes formes animales, à l’époque où les animaux avaient le don de parole.
Voici l’histoire où il apparait en gorille : Un jour, un chasseur pénétra dans la forêt, s’égara et tomba dans un trou profond d’où il ne put ressortir.
Il appela des jours entiers, de plus en plus faible et de plus en plus affamé.
Finalement, le Bouddha-gorille l’entendit et s’approcha. En voyant les parois abruptes et glissantes, il dit à l’homme :
« Pour être sûr de te sortir de là sans te blesser, je vais d’abord m’entraîner avec des pierres. » Le gorille fit rouler des pierres de plus en plus grosses dans le trou puis les remonta l’une après l’autre.
Il fut enfin prêt pour l’homme.
Après avoir grimpé péniblement en s’agrippant à des rochers et à ds lianes, il poussa l’homme à l’extérieur et se servit de ses dernières forces pour s’extirper. L’homme regarda autour de lui, très heureux de retrouver la liberté.
Le gorille gisait à côté de lui, haletant.
L’homme dit alors :
« Merci, gorille. Peux-tu m’aider à quitter cette forêt ?
-Oui, répondit le gorille, mais je dois d’abord dormir un peu pour retrouver des forces. »
L’homme observa le gorille dormir et se mit à réfléchir :
« J’ai très faim. Je peux très bien sortir de cette forêt tout seul. Ce n’est qu’un animal. Je pourrais lui écraser la tête avec une de ces pierres, le tuer et le manger. Pourquoi ne pas le faire ? » L’homme souleva une des pierres le plus haut possible et la projeta violemment contre la tête du gorille.
L’animal hurla de douleur et se redressa rapidement, stupéfait et la face ensanglantée.
Il regarda l’homme et lorsqu’il comprit ce qui s’était passé, des larmes lui montèrent aux yeux.
Il secoua tristement la tête et dit :
« Pauvre homme. Maintenant, tu ne pourras plus jamais être heureux. »
Cette histoire m’a profondément touchée.
Elle donne beaucoup à réfléchir :
- Bienveillance et malveillance sont affaires d’intention :
le gorille avait l’intention d’aider, et le chasseur, l’intention de tuer.
- Ces intentions s’expriment par l’action et l’inaction, les mots et les gestes, et –par-dessus tout- les pensées.
- La malveillance tente de se justifier : Ce n’est qu’un animal.
Sur le moment, les arguments semblent plausibles. Ce n’est que plus tard que nous nous rendons compte que nous nous sommes nous-mêmes dupés.
- L’amour bienveillant du gorille est sa propre récompense. Il n’est pas accablé de colère ou de haine.
La première flèche a pris la forme d’un bloc rocheux : il était inutile d’ajouter une seconde flèche de malveillance.
- Il était tout aussi inutile que le gorille cherche à se venger. Il savait que l’homme ne serait jamais heureux à cause de son geste.
Pour Stephen Gaskin, Prix Nobel alternatif en 1980, le karma consiste à frapper des balles de golf dans une cabine de douche.
Souvent, nos tentatives de vengeance entravent les balles qui ricochent déjà vers la personne qui les a envoyées.
- Ne pas réagir à la malveillance ne signifie pas être passif, silencieux ou se laisser faire.
Le gorille n’est pas intimidé par l’homme, et a dit ce qu’il y avait à dire. On peut très souvent s’exprimer sincèrement face aux détenteurs du pouvoir et agir efficacement sans succomber à la malveillance.
Songez au Mahatma Ghandi ou à Martin Luther King.
En réalité, lorsque vous avez l’esprit clair et le cœur en paix, vos actes ont plus de chances d’être efficaces.
Merci à Rick Hanson , le cerveau du Bouddha.
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