Aujourd’hui, on dispose d’un nombre relativement important d’études scientifiquement valides (comparaisons avec des groupes témoins, répartition aléatoire des sujets, évaluation avant et après les séances, etc.) attestant de l’intérêt de la méditation de pleine conscience dans différents troubles médicaux ou psychiatriques.
Ces études portent sur des domaines variés tels que le stress, la cardiologie, les douleurs chroniques, la dermatologie, les troubles respiratoires, et ont été conduites sur des populations diverses (patients ou étudiants).
Ainsi, une étude du psychologue canadien Michael Speca à l’Université de Calgary, portant sur des patients cancéreux, a révélé des améliorations mesurables et significatives de l’humeur et de divers symptômes liés au stress, ainsi qu’une réduction de la sensation de fatigue.
Une autre, conduite par Natalia Morone à Pittsburgh auprès de personnes souffrant de lombalgies chroniques, atteste une amélioration de la tolérance à la douleur et de l’activité physique (l’immobilisation des patients aggrave les lombalgies).
En psychiatrie, on prête une attention toute particulière au programme asociant thérapie cognitive et méditation, ou MBCT, pour Mindful Based Cognitive Therapy, ou thérapie cognitive basée sur la pleine conscience.
Cette approche a montré son efficacité dans des situations mettant souvent les thérapeutes en échec, notamment dans le cadre de la prévention des rechutes chez les patients ayant présenté trois épisodes dépressifs (ou davantage).
Ainsi, une étude réalisée par le psychologue cognitiviste John Teasdale de l’Université d’Oxford a révélé que les rechutes sont moins fréquentes durant la période de suivi, et, si elles ont lieu, elles se produisent plus tard.
Des effets similaires sont observés dans certaines dépressions résistantes ou chroniques.
Toutefois, la méditation de pleine conscience n’a pas été à ce jour validée lors des périodes aiguës de la maladie dépressive, et reste avant tout un outil de prévention.
Comment expliquer l’action de la méditation de pleine conscience sur l’état de santé ?
Les mécanismes semblent se situer à deux niveaux :
d’une part, celui de la régulation cognitive (les sujets entraînés identifient mieux le début des pensées négatives, et évitent ainsi de les laisser dégénérer en cycles prolongés de rumination) ;
d’autre part, celui de la régulation émotionnelle : la pratique régulière de la pleine conscience permet de développer des capacités accrues d’acceptation, de recul et de modulation envers les émotions douloureuses.
Sachant que dans la plupart des souffrances psychologiques, quelle qu’en soit leur nature, la rumination et la dérégulation émotionnelle sont des facteurs aggravants, la pleine conscience présente donc un réel intérêt en tant qu’outil adjuvant aux différentes prises en charge, médicamenteuses ou psychothérapeutiques.
Bibliographie
L. Fehmi et J. Robbins, La Pleine conscience, Belfond, 2010. C. André, Les états d’âme, Un apprentissage de la sérénité, Odile Jacob, 2009. M. Williams et al. Méditer pour ne plus déprimer, Odile Jacob, (avec un CD d’exercices), 2009. J. Kabat-Zinn, Au cœur de la tourmente, la pleine conscience, De Boeck, 2009. T. Nhat Hanh, Le miracle de la pleine conscience, J’ai Lu, 2008. M. Ricard, L’art de la méditation, NiL, 2008. F. Rosenfeld, Méditer c’est se soigner, Les Arènes, 2007. Z. Segal et al, La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression, De Boeck, 2006.
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