Un nouvel article du Dr Chéné paru dans la revue sophrologie n° 5 de novembre 2014.
Souvent la différence entre sophrologie et relaxation est mal perçue. On entend souvent dire « la sophrologie c’est de la relaxation ». Il s’agit d’une confusion fortement préjudiciable à la sophrologie. Les sophrologues ressentent profondément le besoin de sortir de cette ambiguïté. Dans cet article synthétique le point est fait de manière à dissiper l’image d’une sophrologie relaxation. En effet si la sophrologie était de la relaxation point n’aurait été utile de créer une nouvelle discipline.
« La sophrologie est-elle de la relaxation ? »
Souvent les personnes qui viennent me consulter pour une séance de sophrologie commencent par me dire : « Vous savez chez moi la relaxation ça ne marche pas… » Très souvent je leur réponds : « ça tombe bien, car je ne vais surtout pas vous demander de vous relaxer, mais de vivre ce qui se passe en vous.
Ces gens ne font que répéter ce qui se dit fréquemment dans les medias : « La sophrologie c’est de la relaxation », hors c’est une hérésie. La même mésaventure est arrivé au zen : pour beaucoup, dire je suis Zen veut dire je suis cool, détendu, hors on est bien loin de ce qui fait la richesse de ces deux disciplines. Il faut souligner d’emblée que si la sophrologie utilise des techniques inspirées de la relaxation au début de ses protocoles, elle va bien plus loin que celle-ci.
La relaxation vise essentiellement la décontraction neuromusculaire, l’économie des forces nerveuses, et la détente physique et psychique. Son but premier est le repos et la recharge énergétique.
Dans la méthodologie sophrologique, la relaxation n’est qu’un des nombreux outils dont nous usons pour agir sur la conscience, tels la respiration, les postures, les exercices physiques, la méditation, la contemplation, le travail sur les cinq sens, la perception, l’imagination, la mémoire, les sons, les vibrations et l’énergie.
La relaxation ne doit donc pas être confondue avec ce qu’est la Sophrologie. L’objet de la sophrologie est beaucoup plus large, il s’agit de la conquête et de la transformation de sa propre conscience, afin d’aboutir à une véritable exploitation de nos compétences et de nos capacités.
Se libérer de ses tensions
En Sophrologie ce que l’on prend souvent pour de la relaxation consiste en fait à se libérer de ses tensions. La sophronisation de base vivantielle, première des techniques utilisées par le sophrologue, sert avant tout à rentrer dans la vivance, vivre ce qui se passe en soi. Avec l’évacuation du négatif, il s’agit du mode d’entrée dans les séances de sophrologie qui doit être, avec la répétition de l’entraînement, très bref.
Le terpnos logos souligne bien cet aspect : conscience de la forme de votre premier système (la tête) sans tension, conscience de votre 2e système sans tension, agréable libération des tensions dans le 3e système, etc.…
Tout comme dans la méditation, l’un des premiers soins est d’évacuer ce qui perturbe. Le début des séances de sophrologie permet ainsi d’évacuer les empêchements à la vivance, évacuer le négatif du corps, ses tensions, pour mieux rentrer dans une présence sereine de celui-ci.
« Tous, vous pouvez, simplement fermer les yeux, évacuer les tensions et vous mettre à l’écoute de votre corps, vivre sa présence en vous. »
L’expérience prouve qu’il n’est point besoin de passer nécessairement par l‘apprentissage d’une technique de relaxation pour démarrer la vivance, et que démarrer par de la relaxation, peut même parfois constituer un obstacle à une véritable vivance, par la fuite de la conscience au bord du sommeil.
Ceci explique que sauf cas particulier, la sophrologie se pratique assis ou debout, dans des postures dynamiques qui permettent l’activation de la conscience, et donc de vivre ce qui se passe en soi, d’être dans la présence à soi. L’outil central de la méthode sophrologique étant la phénoménologie, dont l’un des grand moyen d’action est la présence.
La recherche de la présence
La sophrologie se démarque de la relaxation en ce sens qu’elle n’a pas pour seul but la détente et la récupération. N’étant pas dans la recherche d’un échappement ou d’un lâcher prise, elle est en prise avec la vie, et ceci s’opère par la présence.
Relaxation et détente en sophrologie permettent d’aller à l’intérieur de son corps pour libérer les voies de passage, de manière à prendre conscience de cette capacité d’être présent à soi-même.
Le chemin parcouru tout au long de son corps, segment par segment, n’est autre que ce chemin initiatique qui permet de se vivre en connexion avec soi-même ; prise de conscience que l’on peut être dans la présence à son corps, dans son présent, dans son ici et maintenant. Capable de vivre cet instant présent, de ne plus être dans le passé, ni dans le futur, on prend conscience que l’on est en situation de savourer l’instant.
Cette prise de conscience de ce que l’on peut vivre dans son présent, même s’il s’agit d’évènements appartenant chronologiquement au passé ou au futur, représente le véritable éveil de la conscience. Celle-ci va dès lors être capable d’accueillir et de vivre les phénomènes qui se présentent à elle, et cette vivance des phénomènes sans a priori, comme ils émergent, permet le parcours sophrologique.
Alors quid de la relaxation en Sophrologie ?
La sophrologie n’est pas une technique de relaxation ! Si la relaxation peut intervenir dans le processus d’entraînement sophrologique, elle ne représente qu’un support d’accès à la vivance.
La pratique sophrologique évite une relaxation trop profonde « au bord du sommeil », qui endort la conscience. Car le but de la sophrologie est de faire sortir la conscience munie de toutes ses capacités du niveau de vigilance propre à la relaxation, afin de pouvoir être utilisée au quotidien, dans l’action, justement quand c’est difficile et que toute notre vigilance doit être au rendez-vous.
Activer la conscience est donc le propos fondamental de la sophrologie, mais effectivement une conscience sans tension, et donc fluide et réceptive, dans l’harmonie globale du corps et de l’esprit, et non une conscience endormie.
Le danger de l’assimilation est donc à souligner, il est profondément réducteur pour la sophrologie, comme cela vient d’être exposé.
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