Le secret de la force mentale de Sébastien Loeb
Par Gilles Festor Publié le 25/01/2015
Pour exceller en rallye, le nonuple champion du monde s’appuie sur une maîtrise exceptionnelle de son système nerveux.
Depuis 2005, Marc Germain est l’ostéopathe de l’équipe Citroën Racing en Championnat du monde des rallyes.
Celui que tout le monde surnomme Centurion s’assure de la récupération physique de Loeb après les étapes mais aussi la préparation mentale et nerveuse du nonuple champion du monde.
Il révèle au Scan Sport quelques secrets qui font de Loeb un pilote hors du commun.
Marc, à quoi consiste une séance de travail avec Sébastien Loeb à l’issue d’une étape?
Marc Germain: «Seb» ne fait pas appel à moi à chaque étape mais lorsqu’il me le demande nous effectuons un travail qui consiste à remettre à zéro le système nerveux après une journée de tension.
J’appelle ça faire un «reset» complet.
Pour y arriver, je le manipule à divers endroit du corps qui réagissent très bien à ces exercices.
Au cours de ces séances, le dialogue est souvent très limité car ce n’est pas un grand parleur.
En quoi Sébastien Loeb est-il différent des autres pilotes que vous avez vu défiler au sein de l’équipe?
Avant d’être une athlète de haut niveau, explosif, même si avec les années il devient un peu plus raide (rires), Loeb est un sportif au mental exceptionnel.
Il dispose d’un système nerveux hors du commun. Nous avons tous un mais nous ne savons pas tous l’utiliser de la même manière…
Concrètement, comment utilise-t-il cette capacité?
Je vous donne un exemple.
Lorsque Sébastien prépare une étape en visionnant le tracé d’une spéciale à l’aide de la vidéo,il la ressent avec l’ensemble des capteurs dans tout son corps.
Notre cerveau est doté de comparateurs et sans forcément le savoir, lorsqu’il est au volant, il arrive à comparer ce ressenti emmagasiné avec les sensations immédiates en s’appuyant sur son cerveau conscient.
A ce moment-là, tous ses capteurs sont en alerte.
C’est fantastique et c’est unique. On ne retrouve ça chez personne d’autre.
«On s’approche d’une sorte d’état de transe lorsqu’il est à la limite»
Comment vous êtes-vous rendu compte de cette aptitude?
Je me souviens de cette phrase prononcée par Sébastien en 2005 lors d’un Rallye en Argentine:
«Lorsque je suis à la limite, l’espace et le temps s’ouvrent et je peux faire ce que je veux.»
C’est exactement ça: on s’approche d’une sorte d’état de transe lorsqu’il est à la limite.
Est-il conscient de disposer de capacités hors du commun?
Pas vraiment (rires). Parlez-lui en et il vous dira qu’il se fiche un peu de savoir comment fonctionne véritablement son corps mais sans même le savoir, il sait parfaitement l’écouter.
Ces qualités lui sont-elles aussi utiles sur circuit en WTCC?
Sur circuit, il pourrait avoir tendance à se couper de cette force de perception car les exigences ne sont pas du tout les même avec un tracé de circuit fixe.
Il est programmé pour le rallye, une discipline qui demande en permanence des qualités que Loeb maîtrise avec excellence: anticipation et adaptation.
Avec la sophrologie, j’accompagne les sportifs de haut niveau pour trouver cette force de perception qui ouvre tous les possibles.