Comment construire le protocole en sophrologie ?

Bonjour à tous,

Si tu lis cet article c’est que tu te poses la bonne question : Comment construire le protocole en sophrologie en respectant l’esprit de la sophrologie ?

J’entends des sophrologues parler de protocole en sophrologie intégrant un modèle de coaching à objectif SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement défini) bien loin de l’esprit sophro du créateur de la méthode qui a déployé sa méthode sur des sujets porteurs de troubles psychiatriques.
Oserait-on élaborer un objectif SMART auprès de sujets portant des dysfonctionnements physiques, émotionnels ou mentaux, déconnectés de leur Être ?
On voit tout de suite qu’il y a un bug quelque part dans la transmission de la méthode authentique : réduisant la méthode pour s’adresser uniquement à des sujets ‘normaux’ insérés dans une société normée gratifiant les réponses comportementales normées et réduisant la sophrologie à produire un résultat pré-défini spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement défini.
Et pourtant la méthode de sophrologie est bien définie comme un entrainement de la conscience où tout est possible, rien n’est pré-défini, libéré de la temporalité, et au-delà de toute rationalité.

La démarche scientifique de Caycedo pour établir le protocole de la méthode en sophrologie

Dès le départ, la démarche du Pr Caycedo, créateur de la méthode, est clairement scientifique et il semble que cette démarche scientifique soit absente, oubliée, non transmise par des écoles de sophrologie…pourtant personnellement, comme je suis de formation scientifique en physico-chimie, c’est cet angle scientifique qui m’a permis de comprendre la démarche de la sophrologie, d’être en posture de sophrologue authentique (ni thérapeute, ni coach) et d’adaptabilité permanente auprès de mes clients-pratiquants, de quitter le résultat pour partir à la découverte de l’Être dans sa globalité et dans son existence des-idéalisée par les épreuves de la vie.

Aussi je vous propose de redécouvrir dans quelle mesure chaque séance de sophrologie a été envisagée comme une “expérience” structurée par un protocole scientifique, au sens méthodologique du terme ?

Chaque séance de sophrologie est une “expérience” avec un protocole scientifique au sens méthodologique du terme, dans un cadre phénoménologique et non dans une quête d’objectivité. Pour simplifier je dirais que chaque pratique de sophrologie répond à la question de Qui je suis ? au lieu de Qu’est-ce que je veux ?

Chaque séance suit un protocole structuré qui génère des données et une analyse, dont le but est la découverte personnelle. Décryptons ensemble la démarche scientifique de la méthode et son protocole :

 

Quelles sont les étapes du protocole en sophrologie ?

1. La formulation de l’hypothèse : l’entretien phénoménologique

Le protocole commence dès l’entretien phénoménologique par une recherche existentielle, un questionnement existentiel : Qui je suis dans mon corps, dans mon esprit, dans ma conscience, dans mon existence ? L’hypothèse n’est pas la gestion du stress ou la préparation à un événement, mais plutôt la découverte d’une structure de son Être qui se manifesterait pendant la pratique. Cela correspond à la phase de l’hypothèse dans une démarche scientifique, où une question est posée : quand je me sens en harmonie, comment cela se manifeste en moi ?

2. La mise en œuvre du protocole : l’expérience de pratiquer la sophrologie

La pratique elle-même, avec ses étapes dans la pratique (ouverture avec les 3 techniques clés, puis les stimulations et pauses d’intégration vivantielle, clôture par les 3 capacités), constitue l’expérience ou phase expérimentale. Le sophrologue agit comme un guide qui met en place les conditions de l’expérience, tandis que le pratiquant en est le sujet et l’opérateur. Les techniques employées sont les “instruments” qui permettent d’induire un état de conscience modifié et de générer des “données”.

3. La collecte des données : la phénodescription des vivances

La “donnée” de l’expérience sophrologique est la vivance, c’est-à-dire l’ensemble des sensations, émotions et pensées vécues dans les pauses d’intégration. Au lieu de mesurer des variables objectives, le sophrologue invite le participant à observer de manière non-jugeante son vécu interne, ses perceptions de retour à l’équilibre après les stimulations. Cette observation introspective est la phase de recueil des informations pour l’analyse.

4. L’analyse des résultats : l’intégration existentielle

Le temps d’échange post-séance composé de la phénodescription et de l’analyse vivantielle est l’étape d’analyse. Le participant exprime verbalement ses ressentis, les phénomènes observés et les prises de conscience. Puis le sophrologue l’aide à faire des liens, à prendre du recul et à structurer la place de cette vivance dans la structure de l’Etre. C’est l’équivalent de la discussion des résultats, où les observations sont interprétées et des conclusions sont tirées.

5. La validation et l’ajustement : la répétition et l’adaptabilité

La répétition des séances en cabinet et des exercices à la maison permet de confirmer et de consolider les bénéfices ressentis. Le protocole est modifié lors des séances suivantes selon le principe d’adaptabilité. Ce processus itératif permet de valider la démarche à l’échelle individuelle et de l’ajuster pour une plus grande efficacité, tout comme un chercheur affine son protocole après une série de tests.

Comment générer un nouveau regard dans le protocole ?

L’erreur est de considérer que pour générer un nouveau regard il faudrait proposer à chaque rendez-vous une nouvelle séance découverte au client-pratiquant, cela le laisserait dans un état permanent de découverte de sensations, sans conquête, ni transformation réelle.

Considérant qu’une démarche scientifique demande au chercheur de répéter plusieurs fois la même séance/expérience pour recueillir davantage de données, la répétition du protocole en sophrologie avec un nouveau regard est essentielle pour recueillir de nouveaux possibles.

  • Analogie avec la Physique Quantique : Tout comme en physique quantique où le simple fait de changer la place de l’observateur (ou de la mesure) modifie l’expérience et le résultat observé, le sophrologue, en quittant son rôle de “sachant” et en étant pleinement en alliance et en état de conscience modifié, permet à une réalité nouvelle d’émerger pour le pratiquant.

Soyons précis, quand un sophrologue pré-définit une succession de séances de sophrologie, il adopte automatiquement une posture de sachant (je sais d’avance ce que va générer l’expérience, ou bien je sais quelle expérience répondra au besoin du client ou encore je vais lui expliquer en anamnèse l’expérience, projeter, induire) le client pratiquant est pris en otage d’un objectif rationnel, privé du nouveau regard. Ce type de process passe à côté d’un nouveau possible qu’offre le protocole de sophrologie ci-dessus.

La répétition de toutes les étapes du protocole ci-dessus permet une expérience à chaque fois unique, avec un nouveau regard à chaque fois, même en refaisant 50 fois la même expérience. Libéré du résultat à obtenir pour avancer dans son programme de séances, le sophrologue va pouvoir se concentrer sur le recueil des vivances et ajuster chacune des étapes de son protocole. Il se peut que l’étape 1 hypothèse du protocole soit à redéfinir, ou bien qu’il soit nécessaire d’ajuster l’étape 2 sophronisation en changeant un mot, une stimulation ou une pause plus profonde, ou encore à retravailler l’étape 3 phénodescription et ainsi de suite. Chaque étape du protocole ci-dessus demande au sophrologue l’éveil de sa propre conscience pour accueillir un nouveau possible. Le sophrologue s’ouvre à l’expérience de la sophrologie en même temps que le client-pratiquant. 

 

Mon retour d’expérience de l’utilisation du protocole de la méthode authentique

Au cours de ma pratique sur moi et en cabinet, j’ai observé que répéter ce protocole scientifique est LE protocole de découverte, conquête et transformation en sophrologie. Bien sûr, c’est rassurant et divertissant de prévoir une succession de séances différentes, comme si je calibrais d’avance le chemin vers une solution pour le client-pratiquant au lieu d’activer la découverte des structures profondes de l’Être générant de nouveaux possibles.

Au point qui me semble intéressant, mon attitude phénoménologique dès l’accueil du client-pratiquant va rendre mon travail de sophrologue plus conscient, plus personnalisé, plus en alliance, loin du copié-collé d’une méthode normée pour tous. Et pratiquer en même temps que le client-pratiquant, en état de conscience modifié, en suivant les étapes du protocole ci-dessus laisse de la place au nouveau possible chez lui, en moi, entre nous .

En conclusion

Chaque séance de sophrologie est une expérience avec un protocole défini par une hypothèse existentielle de départ, des données à recueillir, à analyser pour ajuster la prochaine expérience.

Quand le sophrologue se pose la question du protocole à construire, il ne s’agit pas d’élaborer plusieurs séances de sophrologie avec un objectif mesurable quantifiable. Mais plutôt de suivre un protocole qui structure l’expérience afin de recueillir des données suffisantes pour ajuster l’expérience et voir son déploiement dans l’Existence.


A bientôt !

Clémence Peix Lavallée, Sophrologue Experte et fondatrice de l’école SophroAttitude. Notre vocation, sur Bienrelax.com, est de diffuser la méthode authentique de la sophrologie auprès de tous : professionnels, grand public et entreprises.

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