Phénodescription : un nouveau “story telling du Moi” par la vivance

Comment ancrer dans sa chair un Moi actualisé

La phénodescription est souvent perçue comme la simple restitution de ce qu’on a ressenti en séance. En réalité, dans la perspective de la sophrologie existentielle avec la méthode authentique, c’est le moment fondamental où vous commencez à écrire un “story telling du Moi”. C’est-à-dire le récit conscient et positif de qui vous êtes et de ce dont vous êtes capable.

Le Moi avant la sophrologie : un récit imposé

Avant de pratiquer la sophrologie, notre représentation du “Moi” est souvent passive, façonnée par l’éducation, l’attente sociétale, la scolarité, les expériences vécues et les jugements extérieurs (ce que nous avons subi, l’image qui nous a été renvoyée). Ce récit est souvent teinté de négativité, de doutes ou de critiques ou même d’auto-critiques.

La sophrologie, à travers la pratique senso perceptive d’une séance de sophrologie ou sophronisation (état de conscience modifié), crée de nouvelles vivances (expériences brutes et positives). La phénodescription sert ensuite à recueillir ces événements intérieurs pour qu’ils deviennent les preuves de votre Moi vivant capable de vivre autre chose, votre potentiel.

La phénodescription : collecter les preuves du nouveau Moi

La phénodescription est la collecte non-jugeante des phénomènes qui ont émergé pendant les pauses d’intégration au cours de la pratique. C’est la phase où vous devenez un ‘reporter’ objectif de votre propre expérience intérieure. Vous êtes à la fois acteur des phénomènes vivants en soi. En même temps, vous êtes observateur de ce qu’il se passe en soi.

• Le principe : Vous décrivez, sans interpréter ni analyser, ce qui est apparu (sensations et émotions ressenties au travers des mouvements ou des images).
• Le rôle de l’ancrage : Lorsque vous décrivez, par exemple, “une chaleur agréable dans les mains” ou “une respiration profonde et ample”, vous ne faites pas qu’informer le sophrologue. Vous inscrivez physiquement et mentalement ce phénomène dans votre conscience. Ainsi, vous ancrez une capacité.

Chaque sensation positive décrite devient alors une donnée concrète, un argument factuel pour votre nouveau récit existentiel.

 

Du phénomène à la transformation : le déploiement existentiel

Le véritable travail du story telling du Moi commence lorsque vous passez de la simple description des phénomènes à l’intégration existentielle.

Intégrer : c’est transformer la vivance en ressource

Le sophrologue vous aide à faire le lien entre ce que vous avez vécu et l’intention de départ. C’est ici que la “preuve” devient une “compétence” :

• Avant : “J’ai ressenti une grande légèreté dans la poitrine.”
• Intégration/Story Telling : “Grâce à cet exercice, je découvre ma capacité à ressentir la légèreté (ou la paix). Je peux désormais m’appuyer sur cette sensation pour gérer mon stress demain.”

Vous ne racontez plus une histoire basée sur ce que vous n’êtes pas (stérile), mais sur ce que vous êtes capable de vivre (puissant).

 

Devenir acteur de son existence

La répétition de ce cycle – vivre un phénomène positif, le décrire sans jugement, et l’intégrer comme une ressource – vous transforme en l’auteur de votre propre devenir. Vous passez du statut de victime de vos circonstances à celui d’acteur qui choisit les états de conscience à développer.

Le Moi acteur-observateur : la double posture d’un Être adulte/autonome

L’un des bénéfices les plus profonds de la phénodescription est l’établissement et le renforcement de la double posture du Moi acteur-observateur. Cette posture est le signe de la maturité adulte avec un nouveau “Story Telling du Moi”.

Le Moi acteur : L’engagement dans la vivance

Pendant l’exercice de sophrologie, vous êtes le Moi acteur :

Vous agissez en réalisant les mouvements et en dirigeant votre attention vers les systèmes corporels.

Vous expérimentez la vivance – le phénomène positif — sans filtre ni a priori.

Votre rôle est de vous engager totalement dans l’expérience, de vous laisser traverser par les sensations, d’être pleinement dans l’instant.

Le Moi observateur : La prise de conscience post-action

La phénodescription est le moment où le Moi observateur prend le relais :

Vous prenez du recul sur l’expérience vécue pour la décrire.

Vous séparez l’expérience de l’interprétation : vous voyez les phénomènes comme des données brutes, sans y ajouter de jugement moral ou d’analyse psychologique.

Ce regard extérieur et non-jugeant vous permet d’objectiver votre vécu subjectif.

Les bénéfices de cette double posture pour le “Story Telling du Moi”

En alternant et en intégrant ces deux rôles, le pratiquant atteint un niveau de transformation du Moi :

Dés-identification de la souffrance : Le Moi observateur apprend que la sensation (négative ou positive) est un état passager qui peut être observé sans être le tout de l’Être. Cette distance est essentielle pour gérer le stress et les émotions invalidantes, ainsi que les précédents ancrages négatifs.

Maîtrise de la conscience : En choisissant consciemment de diriger le Moi acteur vers des vivances positives, puis en les validant par le Moi observateur, vous apprenez à activer vos propres ressources à volonté. Vous n’attendez plus que le bien-être vienne de l’extérieur ; vous savez comment le générer de l’intérieur.

Renforcement de la confiance : Le story telling du Moi est construit sur des preuves : j’ai ressenti la légèreté, j’ai expérimenté le calme. Cette chaîne ininterrompue d’actions positives validées par l’observation construit une confiance inébranlable en votre capacité à agir positivement sur votre existence.