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90 réponses à “La fin du deuil, mythe ou réalité ?”
J’aime assez l’image de la cicatrice qui est une marque indélébile en nous, qui devient un élément à part entière de notre identité, nous singularise, parfois silencieuse, se réveillant à d’autres moments. Il y a un avant et un après.
Je pense en effet que la perte d’un être cher est comme un tsunami qui lorsqu’il nous arrive dessus, nous met dans un état de sidération. Nous savons que nous n’avons pas d’autre choix que de vivre l’évènement. Nous ne savons même pas si nous allons y survivre. C’est lorsqu’on sent à nouveau la terre ferme, notre corps à nouveau bien présent et vivant que nous pouvons souffler, regarder de nouveau le monde et revenir à la vie. Certes, les cicatrices sont bien présentes mais elles font partie désormais de nous. C’est effectivement lorsque nous pouvons les regarder avec plus de douceur et d’amour que nous savons qu’elles font maintenant partie intégrante de notre patrimoine existentiel que nous sommes heureux de porter.
Je ressens le deuil comme une cicatrice sur la peau à tout jamais, qui s’estompe, qui fait mal de temps en temps, qui fait partie intégrante de notre chemin de vie et qui modifie ce que nous sommes et qui nous sommes, qui nous fait nous poser des questions existentielles, qui nous rappelle l’aspect éphémère des “choses vivantes”, la valeur de l’instant présent.
Tous mes morts sont présents autour de moi, je pense à eux parfois et me dit qu’ils sont dans mon cœur pour toujours.
Ces deuils font parti de la vie et ont façonné ma personnalité, je suis fierté d’être qui je suis.Chacun des deuils que j’ai traversé a été un passage important de ma vie et ce depuis l’enfance. Ils ont profondément nourri la personne que je suis à présent. Le manque et la tristesse s’invitent parfois dans mon quotidien mais avec une autre saveur car ils amènent à se tourner vers ce qui a été vécu avec l’autre et ce qui me reste à présent de lui/elle.
Je pense que le deuil ne se termine jamais vraiment car la personne chère nous manque toujours que ce soit un jour, une semaine, un mois, une année et même des décennies après la perte. Mais c’est “non fin” nous permet aussi de garder le défunt en nous et de vivre cette relation apaisée qui s’est incarnée. Terminer définitivement un deuil, tourner la page, serait quelque part éliminer cette personne chère de notre vie, de nous-même alors qu’elle vit toujours quelque part en nous et que ce qu’elle nous a amené, partagé, perdure au-delà de sa mort.Nous sommes de grands consommateurs de psychotropes et si le DSMV préconise de médicamenter le deuil à partir de 3 mois… De plus, nous sommes dans une société qui ne laisse pas vivre le deuil, une civilisation du vite, du paraître. J’espère que la majorité des médecins sont conscients que le deuil nécessite du temps avant de médicamenter; les médecins sont des humains qui vivent aussi le deuil. personnellement, je n’ai pas voulu médicamenter mon deuil, c’était mon deuil, je voulais le vivre, le ressentir, le comprendre, me comprendre, me reconquérir. je suis la même et une autre, cette notion d’identité: identique et différente. Ce que dit Nietzsche me fait penser à Sartre: que fait-on de ce que l’on a fait de nous? Notamment pour les enfants maltraités devenus adultes. La question posée: est-ce que nous aimerions vivre la même vie, les mêmes événements, …, sachant qu’elle se termine par un décès prématuré? J’ai bien du mal avec les 2 réponses en oui ou en non. Alors, cette question est une question que je reformule pour moi compte tenu des différents événements de ma vie, ceux dès la naissance, et des épisodes de santé. Je rétrécirai cette question à une période: est-ce que j’aimerai vivre la même vie avec mon mari en sachant qu’il va mourir? Oui. Mais bien sûr, cette reformulation est presque absurde parce que si je l’ai rencontré, si je suis allée vers lui, c’est par ce que j’étais cette personne faite de mon vécu. je crois que cette question a le mérite de se poser, car elle nous engage vers une attitude réflexive, qui ne demande pas forcément de réponse car de toute façon, on ne peut pas refaire l’histoire; on peut lui donner forme par l’art par exemple.
Cela me fait penser à la chanson la javanaise: nous nous aimions le temps d’une chanson
merci pour cet éclairage qui engage la réflexionJ’ai vécu de nombreux deuils. Ils m’on permis de grandir sur le plan spirituel et ainsi de vivre plus sereinement avec moi même.
Mes deuils vécus font partis de mon histoire car ils ont changé la personne que j’étais.
La douleur des cicatrices m’a parfois fait oublier qui j’étais et ce que je voulais vraiment.
Mais après ces épreuves et un travail psychologique, j’ai enfin retrouvé mes valeurs et je commence à devenir la femme que je voulais être.Ce court chapitre est dans la continuité des autres. Toujours super intéressant ! Je pense effectivement que nos deuils que l’on peut traverser nous accompagnent toute notre vie, mais que seul le temps viendra apaiser les choses et ce temps est propre à chacun et différent, selon les deuils que l’on peut vivre. Je peux dire que pour moi, certains deuils ont été plus douloureux que d’autres, comme celui de la perte de ma sœur, emportée si jeune, suite à un terrible accident. Il m’a fallu beaucoup de temps pour que je « renaisse » à la vie et que j’arrive à en parler s’en être submergée, donc effectivement, ce serait fou de penser qu’au bout de 3 mois, un deuil peut être considéré comme pathologique. Le temps de deuil est tellement intime et propre à chacun, d’où la nécessité d’observer une grande vigilance pour nous, les accompagnants. Les autres décès que j’ai pu traverser, comme celui de mon père il y a 3 ans ou celui de ma grand-mère, ont été très douloureux aussi, mais aujourd’hui, même si les cicatrices sont bien là, la vie reprend tout son sens et je ressens un grand apaisement dans mon cœur. J’aime beaucoup cette phrase d’Annie Duperey : « Faire la paix avec la mort ». J’ai conscience que les deuils que j’ai traversés m’ont fait devenir une nouvelle personne, « mourir à la personne qu’on était et renaitre à la personne que l’on est devenue » mais je peux dire aujourd’hui, que je suis fière de qui je suis devenue, car tous les jours n’ont pas été paisibles, mais j’ai tellement appris sur moi, sur la vie et sur les autres, que je peux affirmer aujourd’hui que je m’AIME comme je suis. Je souris en écrivant cela, car c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé pouvoir écrire il y a 20 ans par exemple. J’ai conscience de tout ce chemin parcouru, et de cette nouvelle force de vie qui vibre en moi et qui me sert à avancer plus sereinement dans la vie. Je suis remplie de tous ces souvenirs précieux, qui sont si vivants et sacrés en moi, et qui restent dans mon cœur pour l’éternité. Je pense que si je devais revivre la même vie, je le ferais car c’est toute mon historicité qui donne du sens à ce que je suis aujourd’hui, c’est mon histoire et j’ai pu enfin me réconcilier avec tout ce que j’ai vécu, et trouver la Paix en moi.
Les deuils font partie de notre vie et je ne pense pas que l’on peut dire qu’il existe une fin de deuil mais plutôt une naissance de notre parcours avec cette nouvelle cicatrice en nous.
Mon père est décédé il y a 10 ans et ma mère en octobre 2021.
Aujourd’hui, je remercie mes parents et je me réconcilie avec moi-même. Je m’autorise enfin à être moi-même sans la peur du jugement.
J’aime la personne que je suis devenue.Les deuils que j’ai pu vivre, font partis de mon histoire, de mon chemin de vie, de mon évolution personnelle. Ce sont des cicatrices qui sont là, sans douleur à présent mais qui ne s’effaceront jamais. Cela m’a rendu finalement plus forte. J’aime la personne que je suis devenue maintenant.
Question tellement difficile et intime. Mon ressenti personnel est que la douleur de la perte peut s’estomper un peu au fil d u temps en remettant la relation avec le défunt au cœur de la vie. Et que l’on peut s’autoriser à être apaisée sans se sentir coupable. J’ai perdu ma mère il y a un an 1/2 dans les conditions COVID tellement difficiles à l’époque. Mais après la colère, l’immense tristesse, j’ai choisi de grandir avec cette perte. En me faisant accompagner. En évoquant son souvenir avec mes enfants lorsque nous partageons une recette qui me vient de ma mère, en retournant en Bretagne en vacances (région natale de ma mère) , en racontant mon histoire et donc son histoire par notre relation, en regardant des photos de temps en temps mais aussi aux dates clés. Pour qu’elle continue d’avoir sa place parmi nous, dans nos cœurs et dans nos vies .Et que mes enfants gardent une place particulière dans leur vie aussi. A l’image un peu de cette magnifique fête mexicaine, el Día de los Muertos, qui rend hommage aux défunts dans la joie de ce qu’ils étaient, de ce qu’ils nous ont transmis, de que nous avons partagé et qui restent profondément en nous… C’est ma philosophie de vie. Mais je sais que cela est une vision qui n’est pas partagée de tous, et je le comprends.
Aujourd’hui je n’ai pas oublié ma grand mère, je pense souvent à elle en étant apaisée, avec de belles images d’elle et sur certains points elle est comme un guide. Est-ce que je m’aime comme je suis ? Après cette question je prends conscience que j’ai encore du chemin à faire pour me réconcilier avec moi même mais je suis sûr la bonne voie.
C’est bien tout l’espoir qui me porte aujourd’hui de mettre la présence de mon fils bien au fond de mon cœur sans la douleur de sa perte , juste le rayonnement de sa courte vie en moi pour toujours. Je ne peux répondre à la question de Nietzsche car je ne peux pas encore ressentir de l’acceptation pour cette période de ma vie’
Chaque deuil que l’on vit fait parti de notre histoire de notre chemin, fait aussi la personne que nous sommes maintenant. J’aime la personne que je suis devenue, que je suis maintenant.
Là, tout de suite, en revoyant la citation d’Elisabeth Kübler-Ross, il y a une chanson qui fait écho dans ma tête : “On oublies jamais rien, on vit avec” (Hélène Ségara et Laura Pausini).
Je pense aussi, qu’on a terminé … Je ne dirai pas le deuil mais du moins cette période difficile de vie, quand on est en paix avec soi-même.
Et à la question : Est-ce que j’aime la personne que je suis devenue… C’est un grand Oui !!
Je referai ce chemin car j’aime la façon dont j’ai grandi au fil des difficultés, et la façon dont j’évolue encore (surtout en ce moment).Ce qui me vient de mon expérience personnelle par rapport à la “fin” du deuil : penser à la personne défunte avec amour et gratitude, heureux de l’avoir rencontrée.
Le deuil est le reflet d’une perte qui ne s’efface jamais.
Mais comme le dit Annie Duperey on peut cheminer vers une douleur pacifiée.
Il faut du temps, parfois beaucoup beaucoup (et on est loin des 3 mois sic), avant que cette douleur ne s’apaise.
Dans certains cas elle est si aigue que l’on n’a pas d’autres choix que de s’en couper (au moins pour 1 temps) mais, in fine, l’apaisement ne viendra qu’en laissant sa place à la douleur, toute sa place. En la laissant exister, en la laissant nous submerger…. On rejoint le processus de deuil.
J’aime celle que je suis devenue.
Est-ce que j’accepterais de vivre les mêmes évènements pour arriver à ce que je suis devenue ? Je garde précieusement cette question…Je pourrais presque répondre oui mais le presque à son importance.Merci
J’aime la personne que je suis devenue. Le deuil que j’ai vécu m’a construite telle que je suis aujourd’hui et m’a permis de comprendre progressivement où était mon essentiel. J’ai grandi avec cette marque indélébile qui reste toujours présente mais au fur et à mesure des années, la douleur s’est atténuée.
Et, je n’oublie pas que je porte en moi tous les souvenirs et les moments agréables que je peux ré-activer dès que j’en ai besoin.
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