1) Très récemment le Programme d’Action Mondiale pour la Santé Mentale de l’OMS a préconisé d’abandonner les benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères) pour réduire les symptômes aigus de stress post-traumatique ou les insomnies au cours du premier mois suivant un événement potentiellement traumatisant (violences, accident, perte d’un proche…).
Lors d’une précédente étude menée par l’OMS dans 21 pays, plus de 10% des personnes interrogées ont indiqué avoir été témoins de violences (21,8%); avoir été victimes de violences interpersonnelles (18,8% ), d’accidents (17,7%) ou de la guerre (16,2%); ou encore avoir été témoins d’un traumatisme chez un proche (12,5%). Selon cette même étude, près de 3,6% de la population mondiale avait souffert d’un état de stress post-traumatique au cours de l’année précédente.
L’OMS préconise de suivre plutôt des thérapies telles que une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou une nouvelle technique dite de désensibilisation et de reprogrammation par le mouvement des yeux (EMDR) par exemple.
2) Cette préconisation est particulièrement bienvenue et confirmée par une étude prouvant aussi les risques de démence (dont la maladie d’Alzheimer) chez les personnes âgées qui consommaient régulièrement des anxiolytiques et des somnifères.
Bernard Bégaud et Tobias Kurth ont, avec leurs collègues de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Université de Bordeaux, mené cette étude avec 1063 personnes âgées de plus de 65 ans (78 ans en moyenne) suivies pendant 15 ans.
Celles qui consommaient des benzodiazépines ont présenté environ 50 % plus de risque de développer une démence comparativement à celles qui n’en avaient jamais consommé.
Les chercheurs ont aussi réalisé une étude cas-témoins avec 1633 personnes présentant une démence (cas) et 1810 sans symptômes de démence (témoins) qui a confirmé ce résultat.
3) Les somnifères en particulier augmente le risque de mortalité
Daniel Kripke du Scripps Clinic Viterbi Family Sleep Center (Californie) et ses collègues ont analysé les données concernant 10 529 personnes, âgées de 54 ans en moyenne, ayant reçu des ordonnances de médicaments pour dormir. Elles étaient comparées à 23 676 de personnes, ne prenant pas de médicaments pour dormir, choisies pour être similaires aux premières selon différents facteurs incluant l’âge, le sexe, les facteurs de mode de vie et les conditions de santé.
Les personnes qui prenaient du zolpidem, du temazépam ou d’autres hypnotiques avaient un risque de mortalité plus de 4,6 fois supérieur. Même chez celles qui en prenaient peu (18 doses ou moins par an), le risque de décès était 3,5 fois plus grand. Pour celles qui prenaient le plus de ces médicaments, le risque était 5 fois plus élevé.
4) La consommation des benzodiazépines expose à un risque d’abus et dépendance psychique et physique, avec un syndrome de sevrage à l’arrêt.
Le syndrome de sevrage peut inclure: céphalées, douleurs et faiblesse musculaires, cauchemars, irritabilité, agitation, tremblements, anorexie, nausées, sueurs, diarrhée et, plus sévèrement : convulsions, changements d’humeur, dépression, dépersonnalisation, désorientation, hallucinations, psychose paranoïde. Le syndrome de sevrage peut se manifester dans les jours qui suivent l’arrêt du traitement. Pour les benzodiazépines à durée d’action brève, et surtout si elles sont données à doses élevées, les symptômes peuvent même se manifester dans l’intervalle qui sépare deux prises.
Liste des médicaments benzodiazépines commercialisés en France
Anxiolytiques:
Alprazolam : Xanax et génériques
Bromazépam : Lexomil et génériques
Clobazam : Urbanyl
Clorazépate potassique : Tranxene
Clotiazépam : Veratran
Diazépam : Valium
Ethyl loflazépate : Victan
Lorazépam : Temesta et génériques
Nordazépam : Nordaz
Oxazépam : Seresta et génériques
Prazépam : Lysanxia et génériques
Hypnotiques (somnifères):
Estazolam : Nuctalon
Flunitrazépam : Rohypnol, Narcozep
Loprazolam : Havlane, Hypnovel et génériques
Midazolam : Versed
Nitrazépam : Mogadon
Témazépam : Normison
Zolpidem : Stilnox et génériques (apparenté aux benzodiazépines)
Zopiclone : Imovane et génériques (apparenté aux benzodiazépines)
Myorelaxant:
Tétrazépam : Myolastan et génériques
Anticonvulsivant:
Clonazépam : Rivotril (dont la prescription vient d’être limitée par l’Afssaps)
Le plus important est d’avoir l’avis et le suivi de votre médecin.
by admincv
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