“J’ai deux ados que j’adore et qui me rendent régulièrement hystérique; un amoureux, leur père, dont je me demande cycliquement si c’est bien l’homme de ma vie; une famille étonnante; des amies précieuses; un boulot unique; le tennis; et la tarte aux pommes, mon péché mignon.
Je ne suis ni mystique, ni végétarienne, ni zen, ni chauve, ni sage. Ce à quoi je rattachais jusque-là toute forme de méditation.
Mais depuis quelque temps, ça cloche. Je suis en permanence dans le « j’aurais dû faire » et l’appréhension de ne pas réussir à faire.
Je cours mais ne parcours aucune distance, je ressasse, je m’obstine à vouloir les choses différentes de ce qu’elles sont, je m’épuise, je pleure. Je ne vais pas bien.
La dernière fois que j’ai franchi la porte de son cabinet, elle m’a dit : « Vous voulez faire une tarte aux fraises, mais vous n’avez que du chocolat. Alors, faites un bon gâteau au chocolat et goûtez-le pleinement. »
Je me suis inscrite à son séminaire de pleine conscience. Deux heures par semaine pendant huit semaines.
J’ai appris « ici » et « maintenant ». C’est simple et complexe. C’est prendre mon petit-déjeuner en me concentrant sur ce que je bois et mange : la couleur, la texture, le goût… Ramener avec bienveillance mon esprit qui part ailleurs. Consacrer dix minutes par jour au moment présent, assise sur une chaise, droite, fière, et me réserver cet instant unique.
Le stage est terminé, je suis débutante et pas encore assidue. J’utilise les exercices de méditation guidés par la voix. Le plus dur est de trouver dix minutes. Ce devrait être rien et c’est énorme. Pourtant j’aime ces instants. J’apprends à accepter les choses telles qu’elles sont. C’est un gros progrès. »
Source : Histoire de Manon, La Revue Clés
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